Queen Ka : Comment marier mots et musique dans un contexte urbain

Publié le 13 novembre 2017 par Frédéric Bourgeois-LeBlanc
Photo de l'artiste Queen Ka
Photo: Alex Nevsky

En vue du Rallye des Arts 2017, l’équipe de la Brigade Arts Affaires de Montréal (BAAM) s’est entretenue avec les artistes qui prendront part à cette expérience. Ces créateurs, proposant dans chaque cas une forme d’art tout aussi unique qu’originale, ont accepté de nous présenter leur démarche avant de monter sur scène.

Actuellement en tournée en France, l’artiste-poète Queen Ka, de son vrai nom Elkahna Talbi, nous a parlé depuis un train à destination de Rouen. Drôle de coïncidence que d’échanger avec elle lors d’un voyage, alors que sa démarche artistique résonne justement avec Montréal, qui bouge elle aussi à la vitesse grand V, tel un TGV.

Qui est Queen Ka?
Passionnée de l’art de la scène depuis ses jeunes années, c’est vers l’âge de 12 ans, lors de ses cours de théâtre, qu’Elkahna découvrit son amour pour la diction et la poésie. Pour la toute première fois, en 2006, elle décida de marier ses projets d’écriture à la musique de son ami Pierre Philippe Côté. Un conte organique prend alors vie devant les spectateurs de la scène Les Soirées Slam et des Francofolies de Montréal. Ceux-ci ont bien vite eu vent de son talent, faisant d’elle une célébrité locale à Montréal depuis 2009. Son nom d’artiste est inspiré du prénom de la reine berbère La Kahina, duquel est tiré son prénom. Elle décide d’en faire une refonte et de se nommer Queen KA. Depuis 2010, l’accompagnement musical de ses textes est signé par les musiciens Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc.

Grandir sur les scènes montréalaises
Fidèle Montréalaise depuis son enfance, elle a fait, comme bien d’autres, ses premiers pas sur les scènes de Montréal, ce qui renforce le lien émotionnel qu’elle partage avec sa ville. En passant par le Divan Orange, O Patro Vys ainsi que les Francofolies et les scènes Loto-Québec, Montréal reste son premier lieu de création. Ses sources d’inspiration pour ses écrits sont nombreuses, mais il est certain qu’elle ne peut ignorer tout ce qui se passe autour d’elle lorsqu’elle se retrouve dans les petits cafés de la ville pour écrire. « Je crée beaucoup dans les cafés où on voit des gens avec des ordinateurs, c’est un peu moi tout ça. J’en ai passé des heures assise dans ces cafés». Quand plusieurs pourraient avoir une idée préconçue d’une artiste enfermée dans son studio lors de son processus créatif, Queen Ka travaille parmi nous, sur une table à café du centre-ville, pour être près de l’action et du flot urbain.

En quoi Montréal est-elle une source d’inspiration constante pour l’artiste ?
Ne cachant pas son amour pour sa ville, Queen Ka nous a révélé que tout ce qui se passe à Montréal représente une montagne d’idées pour elle. «L’époque dans laquelle je vis, ce qui a lieu en ville et ce qui se passe autour de moi, affecte beaucoup mes textes. Il y a même des textes que je ne peux plus faire, car les choses ont trop changé en ville. J’avais un texte sur le printemps quand ils rénovaient la rue Saint-Laurent et je souhaitais comparer ce chantier à Beyrouth parce qu’il était impossible de se faufiler entre les travaux». Passer en voiture près des nombreux chantiers de construction, devenus symboles iconiques de notre ville, peut sembler banal pour la plupart des gens, mais c’est tout ce qui en fait son charme. « Je ne le fais pas de façon consciente, j’aime ça écrire sur ce que je vis au moment où je le vis. Évidemment, je reste très axée sur ce qui se passe autour de moi. Les enjeux sont propres à notre environnement». Aussi, selon le contexte politique au Québec, elle n’hésitera pas à faire quelques clins d’œil à l’actualité dans ses écrits, tel le caricaturiste du journal local.

Un alliage efficace entre musique et mots
Tel un métal forgé pour bâtir une structure, sa propre analogie, Queen Ka croit que ses poèmes et la musique de ses collègues Stéphane et Blaise représentent un alliage efficace pour donner un art complet. En allant chercher les spécificités de chacun, cela crée quelque chose de différent. «L’un n’est pas là pour faire valoir l’autre, mais l’objectif est de faire résonner les mots différemment une fois que la musique est là, même chose pour la musique en elle-même». En d’autres mots, la musique vient renforcer ses textes en les élevant à un autre niveau sensoriel, et ses mots viennent renforcer les notes de musique, donnant le même résultat. Elle avoue aussi beaucoup s’inspirer de la musique instrumentale; il est maintenant de plus en plus commun pour elle d’écrire ses textes en écoutant un morceau musical d’abord, et d’écrire ensuite, selon les émotions ressenties.

*Pour plus d’information sur l’artiste et son travail, nous vous invitons à consulter son site Internet : http://queenka.ca/

*Ses morceaux sont également disponibles sur le Web : https://queenka.bandcamp.com/album/d-pareill-s
https://vimeo.com/169162822

Frédéric Bourgeois-LeBlanc Billet par : Frédéric Bourgeois-LeBlanc