Au cœur de l’atelier de Manuel Mathieu

Publié le 15 mai 2019 par
Portrait de Manuel Mathieu, Crédit photo : Marie-Anne Letarte

Un endroit singulier

À Montréal, niché au 5e étage d’un immeuble se trouve l’atelier de Manuel Mathieu. Pour vous y rendre, deux options s’offrent à vous. Vous pouvez choisir de gravir les 5 étages ou de commencer le voyage en embarquant à bord d’un ascenseur qui invite à la rêverie.

Une fois arrivé, vous découvrirez un lieu chaleureux, baigné de lumière, apaisant… Un lieu qui amène à la confidence.
Vous pourrez choisir de voguer parmi les œuvres présentes, abouties ou en cours de réalisation ; vous approcher des murs et scruter les photos, les articles, les ébauches ; ou tout simplement prendre place sur le canapé et laisser l’atmosphère vous envelopper. Un air de musique viendra parfaire le tableau.

Un artiste par-delà les frontières

Manuel Mathieu est un artiste montréalais, pluridisciplinaire dont l’œuvre dépasse les frontières.
Né en Haïti durant l'année qui a marqué la fin de l'ère des Duvaliers, il obtient en 2016 une maîtrise en beaux-arts à Goldsmiths à Londres. Ses œuvres voyagent au sein de collections privées, de musées et d’institutions.

Parmi ses nombreuses contributions artistiques, Manuel a exposé au Musée de la civilisation à Québec en 2013/2014 lors de l’exposition Haïti, in extremis où il a prêté une tête de poupée vodou surdimensionnée intitulée Spooky. Cette création visait à redéfinir ce stéréotype perçu comme héritage de la culture haïtienne.

En 2014/2015, le Grand Palais de Paris a accueilli certaines de ses œuvres dans le cadre de l’exposition RE‐VOIR Haïti qui portait sur l’art haïtien et la création artistique du 19e siècle à nos jours incluant peintures, sculptures, installations, suspensions, vidéos.

Manuel Mathieu est un artiste dont l’œuvre s’exporte et relie les horizons.

Rendre visible l’invisible

Manuel a été le premier artiste canado-haïtien à voir une de ses œuvres intégrer la collection du MBAM. Fort de son combat pour la démocratisation de l’art, il a créé un fonds pour l’acquisition d’œuvres d’artistes québécois et canadiens non représentés dans la collection du Musée. En 2018, il a publié deux catalogues ainsi qu’un recueil de dessins. Ses œuvres ont été présentées au Art Basel à Miami, à l’Expo Chicago à Chicago, au Frieze à Londres et à 1-54 à Cape Town.

Il a créé l’exposition Truth to Power à Tiwani Contemporary à Londres en 2017/2018 où il a présenté des œuvres inédites inspirées d'événements spécifiques qui se sont déroulés sous les dictatures successives du père et du fils Duvalier. Lesdites œuvres sont empreintes de la violence, du traumatisme et de l’amnésie collective forcée qui ont placés ces événements sous silence. Certaines œuvres telles que 1963, Numa, Fort Dimanche, Madame Max Adolphe, font directement référence à des époques, des espaces et des personnes liées à l'histoire du pays, tandis que d’autres œuvres comme The Search, traitent des effets psychologiques de l'état policier.

Manuel, par son art, fait face à des événements traumatisants et interroge sur les problèmes de la représentation de la douleur et de la violence dans l’art sans idéalisation ni exagération. Une représentation dite « vraie ».

L’art comme vecteur de cohésion sociale

Manuel envisage la peinture comme une expérience cérébrale, un travail solitaire. La certitude lui fait peur et il estime que les meilleurs moments de travail sont ceux où il n’a aucun contrôle. Son travail est certes solitaire mais l’interaction avec autrui est une évidence, une source d’inspiration.

« L’inspiration évolue, car je vis de nouvelles choses. Ce que je vis, ce que je lis, ce que j’étudie, ce que j’écoute, les rencontres que je fais, j’intègre tout ça dans mon travail. La clé, c’est de rester ouvert au monde et de s’en imprégner. »

L’art est une jonction entre les cultures, un pont entre les différences sociales, les individus, qu’il faut bâtir et emprunter. Véritable moteur d’intégration sociale, l’art permet de rassembler, de partager et de créer ensemble.

L’artiste Manuel Mathieu bouillonne de projets qu’il se fera un plaisir de partager avec vous alors n’attendez plus et réservez votre place dans le circuit 1, qui vous amènera au sein de son atelier. Saisissez la chance de vivre une expérience empreinte d’humanité et d’échange.

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